mercredi 24 juillet 2013

En route vers l'Inconnu

Le silence de la nuit a recouvert nos pas et nos bruits, et quelques regards jetés vers Bosco, suffisent à nos échanges pour hisser la voile ou avertir la vigie. Pas un bruit qui ne sorte de nos gorges, l’équipage est concentré devant la tâche à accomplir, sortir de ce port sans prêter attention à quiconque et tel le chat de gouttières tâtonnant en silence les ardoises craquantes, rejoindre l’horizon pour ne plus y revenir…

Les gestes sont utiles et le doigté précis, nul ne doit connaitre existence de nos desseins, l’île du Crâne est tranquille et dort d’un sommeil profond. Les images paisibles des années passées reviennent, comme l’arrivée en ces rives tranquilles, les souvenirs vécus, les rires des moussaillonnes et toutes les anecdotes. Viennent aussi mon passé, comme portant mon tricorne, la maison de la veuve Sanders, l’école de Longfellows et tous mes capitaines…

Je m’approche du bastingage, le cœur lourd quand je respire. Les eaux sont calmes, et le Poseidon avance doucement vers un nouveau destin. Je caresse la joue de Katia, qui ondule sa tête. Ses rides sourient aux miennes et nous nous comprenons, comme le bon tour que nous jouons à nos amis déjà perdus.

S’enfonçant dans la nuit claire, la goélette nous transporte dans un autre monde pour toujours. Nous allons trouver un autre port, d’autres rives et d’autres trésors…

Katia m’arrache un sourire et je pense à son vélo jadis,

et son coup de pédale qui avaient conquis mon cœur.

« Mon île, c’est toi ! » Dis-je à mon amie.

« Toi, tu es toujours mon trésor… » Souriant de ses dents blanches, sous le soleil levant…


FIN




Premier texte Rackham Le Rouge "L'île au Trésor" :

vendredi 19 juillet 2013

Alice et les Métamorphoses Imaginaires

Le lapin blanc s’était arrêté de courir plusieurs fois, faisant mine d’attendre la belle chevelure de son amie. Sa montre énorme balançait sans qu’il puisse la saisir vraiment, échappant à ses pattes comme si un savon malin se jouait de lui.

« Je suis en retard ! » Clamait-il, s’excusant et s’en foutant à la fois. Ses membres glissaient sur de la mousse des bois, donnant du chaloupé et du vertige à sa course, venant cogner à une racine qui l’envoya valdinguer dans un terrier plongeant où le temps n’existait plus. Regardant derrière, voir si le sentier courrait toujours même après son passage, Alice suivit la trajectoire du lapin en même temps…

Les quatre fers en l’air et arrivée au bout de son voyage en apesanteur, Alice aperçût à peine son compagnon s’enfuir vers d’autres aventures très importantes et très pressé en tous cas. Assise sur une robe en soie, elle jeta en l’air des pétales à café à peine mûris par une saison d’été indien, et des flèches se fichèrent bien dans le palais des glaces qui proposaient plusieurs parfums à une ou deux boules. Pistache-Cyclamen, ou Banane-Sparadrap avaient toutes ses faveurs !

Des rayons de soleil filtraient jusqu’au sol par des carreaux vitreux, et elle souffla l’air du temps pour refroidir sa tasse sous le regard des autres tasses qui jonchaient sur le sol.

« Impossible, c’est une théière. On y peut rien… »



Quelqu’un a-t’il une cafetière ? Dit le lapin blanc. C'est pour une amie...

Photo : Rodney Smith.

dimanche 14 juillet 2013

Sainte Thérèse du Campus


Une jeune professeur venait d’être promue au Campus du collège de Cancun, et je m’en souviens comme si c’était hier…Pincée et toute pimpante, elle avait l’enthousiasme et la passion habituelles chez les nouvelles arrivantes, et on sentait bien qu’elle n’avait qu’un seul but : Nous enseigner le français, tel qu’on le parlait et l’écrivait sur toutes les routes maritimes francophones !

Il n’y avait qu’une classe, ce qui facilitait les transferts d’élèves entre deux récrés et nous faisait perdre moins de temps pour nos jeux. Pourtant la curiosité aidant et le charisme de la belle Madame Thérèse nous faisait oublier les sonneries et le directeur venait parfois nous chercher pour interrompre nos rêveries. A vrai dire, il y avait un petit secret à notre assiduité et on peut le révéler aujourd’hui…

A l’époque il n’y a avait pas de cache aux bureaux et notre professeur avait semblé oublier ce petit détail. Thérèse avait pris des habitudes, dont elle nous régalait à son insu et nous en faisait profiter :


Elle croisait et décroisait ses jambes, à la « basique insetinque » et nos grands yeux écarquillés imaginaient mille chose dans la pénombre de ce dessous de bureau, qu’elle portait ou pas une culotte, que le sexe des filles et des garçons c’était pas pareil, qu’un chat habitait sous le bureau, parfois velu ou d’autre lisse comme le plat de la main…

Au long des années où mademoiselle Thérèse nous accueillit dans sa classe, nous apprîmes bien plus que le français et les règles élémentaires de l’orthographe, et nous lui avons été longtemps reconnaissants de ces enseignements souterrains et secrets, gardant pour toujours un esprit ouvert, non misogyne, et éveillé aux choses de la vie naturelle et de l’érotisme aussi. 

Je ne sais pas ce qu’elle est devenue et c’est par discrétion et respect que j’ai changé son prénom. Pourtant, quelque chose me dit qu’elle n’était pas si innocente et si elle veut bien aujourd’hui me le dire, qu’elle fasse juste un signe sur ce blog…^^

Jack Rackham

mercredi 10 juillet 2013

Racame et Orfénique jouent au Docteur


L’été s’épaississant en brumes de chaleur, le ballotis du hamac nous berce dans les souvenirs et les méandres de nos âmes d’enfants. Justement, je voyage en pensée vers mes jeunes années où je n’étais point Capitaine et encore moins pirate. La douceur du climat vient frapper mon visage qui retrouve ses tâches de rousseur et son sourire mutin.

Je me souviens…

Orfénique est là, tirant sur une paille vers une abondance de limonade bien fraîche, puis s’attaque à une grosse glace deux parfums-fraise et pistache- qu’elle pourlèche en des postures et grimaces dont je tairais les noms, préfigurant ses qualités connues de tous, mixant avec espièglerie philosophies du Kâma-Sûtra et de  l’hédonisme.

- Racame, j’ai mal au ventre, j’ai du manger trop de glace…suis malaaade !

Sept ans, c’est l’âge où le mot « Ventre » fait encore de l’effet…

- Attend, je vais t’ausculter avec le stéthoscope, on va bien voir !

Orfénique souriait, stéthoscope devait correspondre à ses mots secrets à elle. Relevant sa jupe, je mettais le métal froid sur son nombril, en tirant la langue pour mieux me concentrer.

- Et regarde pas mon zizi, sinon je crie !
- Lààà…Vas-y tousse.
- Teheu-teu. Tu crois que c’est grave, Racame ?
- J’ai bien l’impression. Il faudrait manger deux sauterelles, sinon je crains le pire. A moins que…
- A moins que ?
- Un bisou sur la bouche pourrait faire aussi…sans fermer les yeux !
- Sans fermer les yeux…Beurk !!

Mais les amis continuent leurs jeux, et Racame fait toujours tout pour sauver son amie Orfénique. Sortant son stéthoscope magique ou son sabre selon les dangers encourus. Les microbes se marrent de voir les tourtereaux s’inventer des maladies pour mieux passer des moments ensemble qu’ils n’oublieront jamais…

Jack Rackham

lundi 8 juillet 2013

Kesta Ta ?




La petite avait le pied haut et rentrant un peu vivement dans les cabinets du Poséidon, je l’avais surprise. Je me baissais au premier tournoiement de boxe française mais j’oubliais le retour et mon tricorne alla valdinguer dans le fenestron, cassant un carreau.

Me voyant par terre, elle se mit en garde et son œil noir en disait long sur ses intentions. Ses poings serrés semblaient surtout la protéger d’elle-même et je pensais qu’elle avait peur…

Elle refit le tournoiement fatal et je m’aperçus qu’elle avait une jupe courte sans rien dessous et qu’on pouvait voir son intimité, comme la fleur de son amour propre. J’esquissais un sourire pour l’amadouer mais elle reprit de plus belle sa garde, me lançant à pleine face :

« Kesta Ta ? »


Photo = Monica Bellucci.

jeudi 4 juillet 2013

Les Vieilles Pies


Un voyage en mer qui avait mal tourné, une chaloupe jetée face au vent qui s’était retournée, et une île presque flottante dont j’avais attrapé un courant par miracle…

Epuisé par l’effort, je m’endormais sur le sable. Le vent caressait ma nudité et je sentais les feuilles mouillantes qui frôlaient mon ardeur. Je me réveillais soudainement pour regarder aux alentours mais personne sur le rivage. Mes habits avaient réellement pris la tangente entre deux vagues mais ça me rappelait des vacances dans un camp de naturistes des Caraïbes, et j’attendais la donzelle en cueillant quelques baies ou fruits rouges sauvages.

Un « Youhou » coupa ma cueillette improvisée et les bras pleins de fruits, j’osais un signe du regard comme essayant de communiquer à l’ancienne. Mon sabre essayait de m’aider et fit signe à son tour. Deux belles s’approchèrent de moi et je remarquais leurs années tapantes tout en ayant un beau regard, de ceux qui sollicitent pour toutes sortes de jeux et de passe-temps. C’était bien le service d’accueil que j’attendais, et me disais que le hasard des vents m’avait poussé vers le bon chemin…

Je ne sentis pas la noix de coco qui vint heurter ma tête, et me réveillais pour la seconde fois mais cette fois attaché entre trois palmiers, sous les yeux de  trois donzelles qui m’avaient savamment  encordé pour bien voir mes atours sans que je n’ai de mouvements incontrôlés par elles.

La troisième, quoi que gironde et jolie, était de la même cuvée et je me disais qu’elles avaient du être oubliées sur cette île depuis longtemps. Chacune semblait attablée autour de mon corps érectile et excité comme jamais. Je voyais leurs langues et leurs seins passer pas loin de moi, mais pas de contact ou même de frôlement, c’était comme le jeu de la  goutte d’eau, une envie lancinante jamais assouvie et une idée fixe qui n’arrivait jamais à se conclure…

Pire, elles se pelotaient entre elles et leurs langues s’entrecroisaient dans leurs salives, ce qui me rendait encore plus fou…


Des jours entiers passèrent à ces jeux qui avaient fait monter ma frustration à son extrême. J’en étais même à penser à la Veuve Sanders ou Madame Willoughby, tout le monde qu’importe mais qu’on assouvisse mon envie de sexe qui  avait atteint son point culminant. Elles continuaient à jouer avec moi en s’accroupissant et me montrant ouvertement ce à quoi je n’aurais jamais droit.

Un beau jour que je dormais encore d’épuisement nerveux, elles me détachèrent et  s’enfuirent à tout jamais, regardant une dernière fois ces croupes galopantes que j’avais tant désirées. Pourtant, j’entendis un bruissement de feuilles et arrivant devant moi, encore dans un état second, une belle femme en tenue d’exploratrice s’adressa à moi :

« Bonjour ! Je m’appelle Yaëlle et je me suis égarée sur cette île, je suis vraiment content de vous voir ! »


« Moi aussi… » Songeais-je, un petit sourire en coin et l’œil ébouriffé…


FIN

Ce texte est dédié à Yaëlle, ma chère amie blogueuse dont voici le lien du blog
http://lianeyaelle.blogspot.fr/